samedi, 27 juillet 2024 -

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Chronique sur « population et développement » :

Eléments de réflexion pour des assises nationales porteuses d’un développement sain

Des universitaires s’interrogent




Le monde est confronté à la résolution d’une équation complexe en matière de population. Il s’agit de savoir comment faire face aux conséquences économiques, sociales et environnementales du vieillissement de la population occidentale d’une part et la jeunesse de celle des pays en développement d’autre part. En effet, la croissance démographique dite galopante des pays en développement (PED) et le vieillissement des pays dits développés (PD), génèrent d’importants déséquilibres en terme de répartition de la population et de distribution des ressources nécessaires à leur survie pour un développement inclusif humain durable (J-Y. Martin, 2002). Si dans les PD le vieillissement de la population pose des problèmes de dépenses publiques face aux personnes « âgées », dans les PED c’est l’accroissement démographique considéré (en référence à l’occident) comme trop élevé qui poserait des problèmes de bien-être (santé, éducation, participation, etc.). Plusieurs travaux incriminent la « surpopulation » comme l’une des causes majeures du sous-développement. Certes le taux d’accroissement démographique dans les PED peut contribuer à accentuer les obstacles qui marquent leur développement. Mais la solution aux problèmes des PED est bien plus complexe qu’un simple contrôle de la fécondité comme cela avait été tant déclamé lors de grandes conférences internationales sur la population. En effet, outre les catastrophes naturelles, les conflits politiques/armés, des projections des Nations Unies ont indexé les modes de production, de consommation, de répartition des richesses et d’exploitation des ressources comme l’une des causes de la pauvreté dans le monde actuel.

Comme l’indiquent M. Picouët et F. Sandron (2002), jusqu’à une époque récente, la croissance démographique était systématiquement considérée comme néfaste à la croissance économique et à la préservation de l’environnement. Mais à partir des années 90, cette hégémonie idéologique s’est quelque peu estompée laissant apparaître un courant de recherche alternative qui intégrant la dimension « complexité » dans le paradigme néomalthusien, remet en cause l’opposition tranchée entre les pays développés (à faible croissance démographique) et ceux en développement (à forte croissance démographique). Il ressort de ce courant de recherche que la dynamique de population peut être en partie influencée par les conditions socio-économiques et environnementales dans lesquelles les populations s’insèrent. Dans ce sens, la croissance démographique est moins considérée aujourd’hui comme un problème quantitatif car le rôle du démographe (et du scientifique en général) est moins de compter que de faire en sorte pour que tout le monde puisse compter (ne laisser personne en rade).

S’intéresser aux transformations structurelles d’une population et à son inscription dans le développement durable est un acte de haute portée politique et de développement qu’il convient de souligner. On sait que si les PD ont connu une transition démographique assez longue (environ un siècle), celle des PED a été plus rapide grâce à des progrès dans la réduction de la mortalité ainsi que les progrès de la médecine et de la technologie contraceptive en Asie et Amérique latine. La croissance jugée forte de la population africaine est imputée à une transition démographique entamée de façon tardive (comparée aux autres continents). On sait également que dans la plupart des cas, les pays africains n’ont pas connu de baisse significative de leur fécondité comme c’est le cas en Europe. Cette dernière étant plus remarquable dans les couches sociales aisées, au sein des cadres supérieurs et moyens.

Si pendant longtemps la plupart des PED notamment ceux de l’Afrique au Sud du Sahara, présentent un rythme de croissance démographique relativement élevé que celui de la croissance économique et dont les déterminants sont largement documentés, la situation du Bénin depuis ces dernières années semble plutôt le contraire. En 2021, le pays présentait un taux de croissance démographique (2,8%) plus faible que celui de la croissance économique (7%), situation qui augure d’une bonne perspective en matière de développement si elle se poursuivait dans le temps.

Un gouvernement responsable est bien fondé à réfléchir sur sa politique de population aux fins d’engager des stratégies nécessaires pour un développement inclusif, humain et durable. Mais une telle initiative requiert en amont une bonne préparation sous-tendue en partie par des évidences scientifiques plutôt que de chercher à imposer un modèle importé - peu transposable- car inapproprié aux réalités endogènes et fondamentalement ancré sur la liberté individuelle parfois liberticide pour le vivre ensemble dans une Nation en construction. Il convient de rappeler que la société béninoise continue de faire de l’enfant et de la famille son socle fondamental.

Dans un essai prenant quelque peu le contre-pied du dividende démographique, Y. Charbit (2015) s’interrogeant sur la menace de la « bombe démographique » ainsi que la marche supposée inexorable vers le surpeuplement qui obsède les sociétés, rappelait que l’histoire enseigne que de graves crises ont régulièrement perturbé la croissance supposée forte de la population mondiale qui n’est peut-être pas un flux si incontrôlable. Cette réflexion montre la complexité de la transposition des schémas simplistes de la démographie des PD à ceux des PED au regard des évolutions récentes. La situation est plus complexe et diffuse dans les PED traduisant que les liens entre croissance démographique et croissance économique sont beaucoup plus complexes que ne l’indiquaient les théories néo-malthusiennes, qui restent des théories (ou modèles voyageurs) dont il faut parfois se méfier des aspects normatifs. L’impact démographique d’une population jeune en forte croissance n’est pas toujours un fléau, loin s’en faut. Par ailleurs, la migration est un facteur de régulation autour duquel les sociétés peuvent se structurer.

L’analyse du chemin parcouru par nombre de pays émergents d’aujourd’hui montre qu’ils ont tiré profit de leur profil démographique, et ceci, à travers une combinaison d’interventions bien au-delà de la limitation des naissances. L’exemple le mieux connu est celui des ‘Tigres (ou Dragons) Asiatiques : comme la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, et Singapour. Les Tigres asiatiques, affichaient le même profil démographique et une situation économique que ceux de nombreux pays africains aujourd’hui. Ils ont su profiter de leur profil démographique à travers des investissements soutenus sur le long terme dans plusieurs secteurs dont celui de l’éducation et la planification familiale couplé avec des réformes et des initiatives économiques nécessaires favorables à leur décollage économique. Les mesures en faveur de l’accès des femmes au marché du travail ont également été menées avec succès.

En plus de la répartition des fruits de la croissance économique, il est de plus en plus admis que les modes de production et de consommation sont largement plus déterminants dans les problèmes de développement que la croissance démographique. En saluant l’initiative des assises nationales, nous espérons qu’elles ne feront pas l’économie d’une investigation scientifique sur les perceptions et intentions de fécondité des populations au lieu d’engager de façon cavalière le destin du pays vers l’incertitude.

Au regard de sa complexité, les liens entre population et développement continuent de soulever plusieurs questions. En quels termes se pose le problème de la population aujourd’hui au Bénin ? En quels termes se posera-t-il dans les décennies à venir ? Est-ce en termes de surpopulation ou en termes d’inégale répartition de la population sur le territoire national, d’inégal accès aux ressources nationales ? La promotion d’une fécondité responsable, ne doit pas oblitérer la thèse selon laquelle, il n’y a de richesse que d’Homme. La complexité de la question de la population impose des solutions adaptées et porteuses d’avenir et de développement. Parmi ces solutions, le contrôle ou la limitation des naissances doivent-ils être un recours ? En cas de réponse affirmative, doivent-ils être le premier recours ? Telle nous semble l’une des questions préjudicielles à l’organisation des assises nationales à venir.
En attendant d’y trouver des approches de solution convenables, ne serait-il pas mieux d’éviter le « commerce de la peur » ou les discours exagérés sur le boom démographique en Afrique ?

Auteurs : Alphonse. Mingnimon AFFO ; Emery Patrick. Effiboley ; Dodji AMOUZOUVI

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