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Yasmina Fagbemi Edwards, co-fondatrice de la société de production Tioleja Films basée à New-York a effectué en février 2024, avec son associé Gabriel Souleyka un séjour à Cotonou. Dans un entretien exclusif, la française d’origine Bénino-Nigériane revient sur l’objet de son séjour à Cotonou. Elle se prononce sur le "teaser" de la série originale « La légende d’Akoni » tourné au Bénin et partage les ambitions de sa maison de production .
Parlez-nous de Tioleja Films.
Tioleja Films est une société de production que j’ai fondée avec mon associé Gabriel Souleyka. En Yoruba, Tioleja signifie incassable, ce choix est guidé par mon origine (Bénin-Nigéria), notre ligne éditoriale, visant à raconter l’histoire de l’Afrique, du peuple noir à travers les époques. Une citation que je mets souvent en avant, correspondant à notre philosophie, celle de l’auteur Nigérian Chinua Achebe : « Tant que les lions n’auront pas leurs historiens, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur ».
Dans cette même dynamique, continuant de développer nos projets cinématographiques, que ce soit des séries, des long métrages, nous avons décidé d’ouvrir un pôle édition, dans la mesure où Gabriel Souleyka avait publié son premier roman « Le Cri de l’innocence ». Ayant rencontré un franc succès, il a souhaité garder la maîtrise du contenu, être libre de raconter nos histoires sans aucune contrainte.
D’ailleurs, en tant que jeune maison d’édition, après seulement deux mois, notre premier roman historique « Solitude enfance volume 1 » est entré dans le top 100 des ventes sur Amazon, à la dixième place, de même pour « Akoni Yoruba » à la sixième place. Cela représente notre engagement promotionnel, la confiance de notre large publique et surtout la réalité d’une demande croissante des africains, des noirs de la diaspora d’avoir des livres racontant leurs histoires.
Quel était l’objectif de votre visite au Bénin ?
Je ne dirais pas visite, mais un retour aux sources, la majeure partie de ma famille est de Porto-Novo, mais Gabriel Souleyka ayant déjà écrit 3 romans sur l’histoire du Bénin, l’adaptation de son livre « Akoni Yoruba » en format série, nécessitait de venir tourner un "teaser," permettant d’apprécier les conditions de tournages au Bénin, la richesse des décors, les équipes techniques locales. Afin d’envisager de tourner l’ensemble des 8 épisodes de 52 minutes au Bénin.
Pourquoi avoir choisi le Bénin ?
On pourrait dire que c’est le Bénin qui nous a choisi finalement, car l’histoire du Dahomey est centrale en Afrique, riche d’une variété culturelle, spirituelle, permettant de disposer d’un vivier d’histoires à raconter. Par ailleurs, nous avons pu constater l’engouement autour de notre projet, cela à tous les niveaux, et l’accueil reçu au Bénin nous a conforté dans l’idée de venir tourner ici.
Au cours de votre séjour à Cotonou, quelles ont été les activités menées et les personnalités rencontrées ?
De par mes origines béninoises, mon réseau, nous avons rencontré les équipes de Sèmè City- Claude Borna qui nous a connecté à l’ADAC, l’Agence d’Etat qui assure la promotion de l’économie culturelle et artistique du Bénin. Le directeur du Cinéma et des arts vivants, Faissol Gnonlonfin a été très attentif à notre projet de série. L’appui de Christiane Chabi, d’Hiris production, nous a permis de rencontrer un panel d’artistes, de techniciens, que nous avons intégré au tournage de notre teaser. Fort de cette expérience, nous avons eu l’idée de proposer un master-class, ouvert à l’ensemble des personnes désirant profiter de notre expérience internationale, le thème de celui-ci était : « L’Afrique au cinéma ». Nous avons pu échanger avec un public passionné et studieux, car il est fondamental pour nous de pleinement partager avec l’ensemble des acteurs Béninois, avec l’idée d’enrichir les compétences respectives pour faire progresser l’industrie cinématographique en Afrique.
Parlez-nous du teaser Zuri tourné au Bénin.
Zuri est le "teaser" de la série originale « La légende d’Akoni ». Il raconte la résistance héroïque d’un village du Dahomey en 1772 qui est attaqué par des esclavagistes clandestins. Les principaux acteurs du village, décident de cacher les femmes et les enfants pour préserver le peuple. Nous ramenant à ce principe élémentaire de la solidarité, de l’attachement à la spiritualité Vodun, le mode de vie, la culture, que nous mettons en avant dans ce "teaser". Notre tournage a eu lieu à Cotonou, puis dans la commune de Adjohoun. Dans la mesure où nous n’avons bénéficié d’aucune aide, d’aucun soutien extérieur, ayant tout financé par nous-mêmes, faisant venir la comédienne Sokhna Diallo de France, nous avons dû limiter nos lieux de tournages pour être en phase avec le budget alloué, puisque le transport des techniciens, des acteurs, du matériel, nécessitait une logistique assez lourde. Hiris production ayant contribué en mettant à disposition des personnels, puisque Christiane Chabi est producteur exécutif sur ce "teaser". Nous finissons actuellement, en France, le mixage de la musique, afin de pouvoir le projeter par la suite au niveau international pour susciter un engouement autour de la série.
Quels sont les grands projets en vue ?
L’année 2024 est déjà assez chargée, nous préparons activement la sortie imminente du roman historique « Voleurs d’Âmes » de Gabriel Souleyka, qui sera disponible au niveau mondial, en plusieurs langues. Le film adapté du livre, dont le titre anglais est « My Soul is a Witness » est en préparation, le réalisateur prestigieux Andrew Dosunmu ayant accepté de le réaliser. Bien sûr, la série « la légende d’Akoni » que nous espérons tourner cet été au Bénin, nous travaillons sur les différents dossiers avec nos partenaires, qu’ils soient au Bénin ou ailleurs.
Comment appréciez-vous en général votre séjour au Bénin ? Qu’est ce qui vous a particulièrement marqué ?
Comme je l’ai indiqué précédemment, mes ancêtres sont enterrés au Bénin, à Porto Novo, c’est aussi ma terre. Venir et revenir ici est toujours une belle expérience, je reste émerveillée par la richesse du Bénin à tous les niveaux, les grands travaux m’impressionnent largement, ils montrent le dynamisme du Bénin en améliorant la vie des citoyens. D’un point de vue cinématographique, nous avons été impressionnés par le niveau d’engagement, l’envie d’apprendre de tous ceux que nous avons pu rencontrer.
Votre mot de fin !
Un peuple qui ne connaît pas son histoire est condamné à la revivre, l’Afrique est le berceau de l’humanité, mais la négation de notre histoire, orchestrée par les artisans de la colonisation, a créé des traumatismes, des complexes. Notre démarche est de déconstruire tout cela, de valoriser nos cultures, notre fierté d’appartenir à ce continent.
Voici la bande annonce du court métrage ZURI : La légende d’Akoni Bientôt sur vos écrans. Tournage au Bénin. TIOLEJA films en Afrique
Propos recueillis par Akpédjé AYOSSO
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